BLUE WAVE PRODUCTIONS/ 2012
Après trois Eps sortis en 2006, 2007 et 2008, le groupe ABYSSE signe son premier album avec ce « En(d)grave »composé de 7 titres complétement instrumentaux.
Il serait d'abord bien difficile de leur définir un style à part entière tant le groupe se plaît à varier rythmes, ambiances et même styles.
Prenons un titre comme « Eagle Of Haast » qui ouvre les hostilités de cet album. Démarrant sur une tournure que je me permettrais de qualifier presque doomesque, le groupe parvient de manière progressive à ajouter quelques éléments qui rendent le style un peu plus brut. Aucun des instruments présents ne prédomine les autres et tous jouent leur rôle à part entière avec brio. Les mélodies rythmiques posent bien le décor avec la basse venant surplomber ce dernier, les parties gratte plus solistes complètent excellemment l'ensemble et apportent une atmosphère plus aérée au tout et les parties de batterie sont bien riches en variation.
« Ten Thousand Changes » vient s'enchaîner avec ces parties du début presque black metal avant d'annoncer un moment plus down tempo renfermant un groove des plus excellents. Un côté Karma To Burn... je dois avouer que ce nom m'est venu à l'esprit à l'écoute d'Abysse. Cela dit, pas question de clone car Abysse démontre bien qu'il possède son identité propre.
La force du groupe qui plus est, réside dans le fait que « malgré » des titres à durée considérable (entre 6 et 8 minutes pour certains), il parvient à nous tenir en haleine du début à la fin et nous évite toute forme de monotonie possible. J'évoquais au dessus le mélange des genres, pour vous dire, ce morceau arrive à passer donc de parties black metal (tout au moins d'un point de vue rythmique), à du doom mais encore à quelques parties légèrement plus « core ».
« Mastodon » (un hommage aux compères américains?) possède un côté bigrement massif. En même temps, avec un tel titre, qui cela étonnerait? Un changement de tempo excellent. Après une rythmique soutenue, une partie plus nerveuse vient injecter du boost à ce titre avec ses faux airs quasi punk puis un solo bien rock'n'roll à la pédale wah wah avant de venir terminer ce morceau avec des riffs bien sabbathesques qui raviraient je pense tout fan de la scène southern metal.
« Forest Monument » démarre sur un fond de dissonance générale introduite par du larsen ouvrant sur un riff et des arpèges entêtants. Une ambiance énorme se dégage de ce titre notamment grâce à l'effort apporté au niveau mélodique. Quelques breaks efficaces, une basse bien présente et une rythmique des plus envoûtantes venant apporter une certaine profondeur (idéale pour Abysse).
« Sharp And Chrome » démarre énergiquement presque à la manière d'un Down instrumental par le biais de cette lourdeur dans le son des grattes. Voici le titre qui s'avère à mes yeux être le plus pêchu de l'album. Un véritable mix entre Down donc mais aussi Cathedralmais encore comme dit auparavant une bonne vieille pincée de Karma To Burn. De la double pédale souligne le côté dynamique du titre, le tout occasionnant la bonne grosse baffe des familles.
« Golden Life » et son côté diaboliquement sludge fait plaisir tout autant que ce côté groovy les caractérisant qui est toujours de mise. Je pense bien que ce titre devrait ravir les fans de Kylesa par exemple (et pour ne citer qu'eux). Le genre de rythmes pachydermiques qui vous prennent des tripes jusqu'aux cervicales, une partie/ break vient alléger le tout et apporte un côté plus atmosphérique avant de renchérir sur un moment bulldozeresque venant clore ce titre.
« Light For Wheke »vient déjà nous emporter vers la fin de l'album de manière très progressif et parvient à s'emparer de nous de par sa rythmique et ses mélodies toujours autant accrocheuses, l'une des forces du groupe.
Un premier album vraiment excellent bien qu'étant entièrement instrumental. L'absence de chant ici, je vous le garantis ne se fait pas sentir tant Abysseparvient à maintenir l'attention de l'auditeur par la richesse de ses variations et pour le côté divinement hypnotique de la musique qu'il nous propose.
Amateurs de post-hardcore, post rock, sludge, stoner et même metal (pour le côté burné de ses morceaux), je ne peux que vous conseiller d'acquérir cette galette au plus vite, et pour les veinards qui se rendront au Hellfest en juin, d'aller les voir sur les planches.
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