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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 15:55

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2012/Monkey Records

Ce matin, je suis tombé sur une pub à la télé : « Vous vous ennuyez ferme ? Vous êtes triste ? Vous déprimez même, bloqué chez vous à cause du temps, condamné à regarder Derrick par saisons entières ? Réjouissez-vous. Ce que vous attendez avec impatience vient justement d'arriver : votre dose de violence sonore métallique sortant tout droit d'Helvétimarché ! Composez immédiatement le 666-666-666 pour commander le vôtre ! »

Intrigué, j'ai donc composé le dit numéro et me suis procuré l'objet proposé, à savoir le nouvel album des death métalleux d'Arkhan, Primal. Effectivement, j'ai de suite retrouvé le sourire tant les douces mélopées des huit pistes offertes m'ont replongé dans les champs de blé de mon enfance, lorsque je courais à travers les épis de maïs en riant (bêtement, oui, je vous l'accorde) pour aller traire les facteurs, signer les paquets apportés par les poules et récolter les œufs fraîchement pondus par les vaches. Comme vous pouvez le constater, le terrain était chez moi particulièrement propice à accueillir la musique du malin et (un) demi (s'il vous plaît). C'est avec d'autant plus de facilité que j'ai donc pu me repaître de ce death plutôt old school en apparence mais résolument ouvert aux sonorités et plans modernes, et même aux délires (l'intro kitscho-dance de « The last Resonance »). En ce qui concerne ces derniers écarts, ils prouvent surtout, étant distillés à doses homéopathiques, que le quatuor suisse a le sens de l'humour et que ce n'est pas parce que l'on reste fidèle à un Swäno ou un Tägtgren (oui, il faut avoir des trémas dans son nom sinon on n'a pas le droit de faire du métal sanguinolent) qu'on doit s'interdire de déconner. Sur des considérations purement musicales, le contenu de Primal s'avère principalement tourné vers les riffs « à l'ancienne », ou tout au moins il s'appuie sur ce type de plan comme base, et démontre dans le même temps une intégration de plans saccadés (« You, Monster ») et de gimmicks nettement plus contemporains. L'ombre de Bloodbath n'est jamais très loin de manière globale, et celle de Morbid Angel pointe, menaçante, quand les accélérations se font plus supersoniques. D'un point de vue vocal, on pense à la scène suédoise (du Entombed cité par la bio au frontman d'Hypocrisy évoqué ci-dessus, en passant par... Pas mal de pointures (« Attends, je comprends plus rien, il parlait pas de chant là ?!? ») scandinaves!) Le côté groovy et rock'n roll de la bande à Petrov se fait d'ailleurs ressentir sur l'avant-dernier morceau (« Lolita ») (une reprise de notre gloire nationale Alizée?), montrant au passage la versatilité du combo.

C'est par une impasse (« Dead End ») que s'achèvent les 37 minutes de ce troisième full-length, chose paradoxale pour un groupe si ouvert et un album fourmillant d'autant de détails et de parties intéressantes, à moins que ce ne soit qu'une invitation à rebrousser chemin et à refaire le parcours encore et encore, pour mieux l'appréhender, l'explorer. Cette piste finale réunit d'ailleurs beaucoup d'élements utilisés par Arkhan pour les autres, et à ce titre cette composition florale, si on souhaite repartir sur la métaphore végétale (« Mes cachets, vite, viiite ! »), représente une réelle et convaincante invitation à se retaper le trajet à l'envers (enfin, vous m'avez compris, sans la jouer « subliminal » à la Judas Priest, mais vous pouvez toujours écouter les morceaux dans l'ordre inverse, ça ne coûte pas grand-chose et ça peut donner une vision nouvelle de l'ensemble).

Tout respire ici (et c'est déjà pas mal) la puissance, la maîtrise et surtout l'envie de bien faire, la passion communicative amenant à rendre hommage au(x) style(s) tout en apportant sa patte, de nouvelles couleurs. Il sera donc difficile d'être déçu par Primal à moins d'être un inconditionnel du deathcore -moderne- (peu voire pas représenté ici) ou de musique extrême forcément barrée (je vous connais mes salopettes!), ou de n'en avoir rien à cirer du métal dans les grandes largeurs, et dans ce cas je vous félicite pour avoir lu cet article jusqu'au bout. Si vous ne faites partie d'aucune de ces castes, ou que vous appartenez à l'une d'entre elles (ou aux trois) mais que vous aussi vous arpentez les mines de charbon déguisé en libellule depuis votre plus tendre enfance, foncez découvrir ces quatre mercenaires par tous les supports (de Satan bien entendu) possibles et imaginables ! Malgré le temps pourri, un vent frais de cet acabit, ça ne se refuse pas !

www.arkhan.ch 

http://www.facebook.com/pages/Arkhan/54912902369 

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