Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 00:13

averse-fly.jpg

Au sein de Yargla, on est plutôt anti-conformiste. Mais parfois, il faut savoir se servir des vieilles recettes : pouvez-vous nous présenter le groupe ?

 

Tim : Averse existe depuis 2002 et s'est formé sur les cendres de mon premier groupe. J'ai répété avec notre premier bassiste, Thomas (mais pas le même qu'actuellement), dans sa chambre pendant quatre mois, avant qu'on accouche de nos premières chansons. Après avoir remonté un groupe avec mon frère Colin à la batterie et un deuxième guitariste, on a incorporé un claviériste qui touchait un petit peu le violon. Les trois-quarts de ces membres finissent par partir, et on accueille dans le groupe Rémi à la basse, Huang-Jun au violon (tout fraîchement arrivé de Chine) et enfin Barbara, une flûtiste. On tourne pendant un an avec une guitare seulement. Puis re-changement de line-up (bye-bye la flûte) et arrivée de Thom à la basse et de Fran qui au départ avait été contacté uniquement pour nous enregistrer... Ce qu'il a finit par faire aussi, c'est lui qui est responsable de l'enregistrement du E.P. J'écris les textes et structure les chansons seul, puis elles sont soumises au groupe, et les arrangements se font soit en répétition, soit en session de travail à deux. L'album qui se prépare sera d'ailleurs plus représentatif de ce mode de fonctionnement puisqu'on y trouvera des arrangements par Fran, par Thom, et même par Colin dont certains rythmes ont directement influencé la composition. Ce n'est pas le cas sur le E.P. car Fran venait d'être intégré au groupe par exemple. Nous pratiquons une musique qui se revendique de la musique metal, de la musique progressive 70's et avant-gardiste mais aussi de la folk, du rock et même de la pop.

 

Expliquez-nous votre concept qui, pour l'auditeur moyen, paraît plutôt opaque...

 

Tim : Averse est une musique de l'ordre du ressentit. L'Averse est la représentation de tout ce à travers quoi tu passes pour ce que tu aimes, et ce pour quoi tu as l'impression de te lever chaque jour. Chaque instant de notre vie est conditionné par cette sorte de combat, parfois difficile, parfois jouissif, qu'il faut embrasser pour ne pas s'abandonner à soi-même.

 

Colin : Ces différents moments d'une vie sont retranscrits dans chacune de nos chansons, chacun de nos passages. Chaque mélodie, chaque riff, chaque rythme retranscrit une émotion.

 

Fran : Averse a ceci d'intéressant, entre autres, justement de proposer une musique qui essaie de créer ses propres codes en empruntant des chemins déjà existants (progressif, black...). On est plus à mon sens dans la narration, dans le voyage et la description de paysage, que dans la chanson, au sens chanson couplet/refrain qui suit un processus visant à stabiliser l'auditeur et à la maintenir dans un certain confort. Averse, je pense, se situe au contraire plus dans le ressenti, comme le dit Tim, c'est à dire la lumière et l'ombre qui vont grandir en vous à l'écoute de tel ou tel passage ; on est plus dans une chronique musicale, dans une histoire qui se développe et vit sa vie selon ses propres critères.


Dans la chronique, je parle d'une forte ressemblance à Solefald (ce groupe étant d'ailleurs à l'origine de notre rencontre virtuelle). D'accord ou pas ?

 

Tim : Totalement d'accord, même si on essaye de se détacher de plus en plus de nos influences ! Dans les albums qui ont vraiment changé la donne pour moi, je compte clairement "In Harmonia Universali" (avec "Orchid" d'Opeth, les derniers Borknagar, "Brave Murder Day" de Katatonia ou encore Agalloch...). Solefald est un groupe intelligent qui ne confond jamais ambition et prétention. Les deux personnalités de ce groupe sont très fortes et ce sont des musiciens très inspirés. J'apprécie aussi beaucoup les paroles/poèmes de Cornelius ("Epictetus And Irreversibility", "Speed Increased To Scaffold", ou encore la récente aventure islandaise de notre ami Bragi).

 

Quels sont les retours sur votre EP ?

 

Tim : Globalement très positifs. Nous avons quelques retours moyens concernant la production. Nous sommes d'ailleurs d'accord là-dessus, même si nous pensons tous que ça reste très correct pour une auto-prod enregistrée pour la majorité dans un appartement... En ce qui concerne la musique, nous sommes plutôt flattés de ne laisser personne insensible même si, comme tu l'as dit, le concept apparaît un peu "opaque" à certains.

 

Colin : Cela fait vraiment plaisir de voir que certaines personnes apprécient notre musique et sont capables d'y jeter une oreille attentive, objective et intelligente. Ce genre de retours positifs nous flattent, ils nous motivent à faire encore mieux et à repousser nos limites.

 

Selon vous, que doivent proposer un groupe et sa musique pour être dignes d'intérêt à l'heure actuelle ?

 

Tim : Un violon ? (Rires). C'est très classique comme réponse, mais je pense qu'il suffit juste que la personnalité s'impose à travers toutes les facettes de l',,uvre. Ce n'est pas la technique, et pas non plus le nombre de fois où tu claques un contretemps dans un morceau qui en fait quelque chose d'intéressant. C'est ce qui passe à travers tout ça. Le frisson du partage. Prends Neurosis, par exemple...

 

Colin : Je crois que tout est dit. Je suis d'accord pour dire que le sentiment ressenti à l'écoute d'un groupe est très important, mais il est parfois possible d'apprécier la musique simplement pour la technique des musiciens, ou encore la pure complexité des morceaux... Mais le sentiment véhiculé reste primordial. On trouve toutefois des groupes réunissant toutes ces caractéristiques ! Meshuggah, Textures, par exemple...

 

Fran : personnellement j'aime les groupes qui injectent de la lumière et de l'accessibilité dans leur projet, même très extrême. Et l'inverse. Plus on cultive le mélange, plus on s'ouvre de portes. Récemment, The End m'a marqué. Personnellement, j'aime bien sentir chez un groupe de la simplicité. Même s'il pratique une musique folle ou très complexe, The Mars Volta par exemple, je trouve cela intéressant quand j'en comprends rapidement assez pour vouloir continuer. Pas tout, car effeuiller au fur et à mesure des écoutes, c'est aussi jouissif, mais assez.
J'ai un peu de mal avec le prog' par exemple, à part certains groupes, car je trouve cela chiant.

 

Comptez-vous étoffer votre line-up pour élargir votre champ d'action et le rendre plus surprenant, plus riche et plus éclectique encore?

Le line-up actuel est-il stable ? J'ai vu que votre violoniste venait de Chine, n'est-il pas susceptible de retourner dans son pays natal une fois ses études terminées ?

 

Tim : Très bonnes questions... En ce qui concerne l'album, il est prévu depuis un certain temps qu'on y trouve de arrangements de harpe ainsi que de hautbois, et sûrement de la flûte sur au moins l'une des chansons... Ce n'est pas prévu, par contre, que nous tentions de reproduire ces arrangements en concert. Enfin, qui sait... Pour le violon, c'est différent. Il est officiellement dans le groupe ainsi qu'en concert, et car nous tentons de l'inclure en tant qu'instrument à part entière, pas comme un instrument d'arrangement pour pouvoir nous mettre une étiquette "classique" ou "symphonique", le violon est envisagé dans Averse comme un instrument "rock". Un peu à la manière du Mahavishnu Orchestra, qui est un groupe que j'aime vraiment beaucoup. Quant à Jun, le principal intéressé, c'est un peu compliqué. Il est maintenant entre Paris et Lille, et même s'il ne participe pas vraiment à l'élaboration des morceaux, la façon dont nous désirons l'inclure nécessite une certaine implication... Que nous espérons qu'il pourra fournir ! Pour l'instant, il est en France... Donc nous verrons. Et il nous est précieux, lui, justement, il a le feeling monstrueux et la technique impressionnante...

 

Colin : Pour ce qui est des arrangements sur l'album... Je pense sérieusement à inclure un gong, et même une darbouka.

 

Quelle est votre actualité "live" ? Comment s'est passé votre concert avec Antimatter et les deux autres groupes ?

 

Tim : Notre concert avec Antimatter, Leafblade et The Last Embrace s'est très bien passé. Je pense que c'est l'un des meilleurs concerts acoustiques que nous avons pu donner jusqu'à présent. Les musiciens de ces groupes sont d'une extrême gentillesse et pratiquent une musique très à fleur de peau pour Antimatter, et très folk pour Leafblade, donc tout à fait ce qui nous attire. The Last Embrace est un groupe parisien dont je préfère le set acoustique au set électrique, mais c'était très bien exécuté. Notre actualité live bouillonne tranquillement, car nous commencerons à jouer de nouvelles chansons en concert dès novembre. En ce qui concerne le déroulement des concerts, je suis actuellement en train de monter ce qui servira de vidéo-projection à notre gros concert du 15 novembre au Kino-Ciné de Villeneuve d'Ascq. J'aimerais que cela se reproduise régulièrement sur des plus petites dates, si le matériel est disponible, car cela complète cette recherche de sensation que nous désirons communiquer. Il est aussi prévu que nous prolongions l'expérience du concert acoustique pour certaines occasions...

 

Quel est votre point de vue sur la scène nordiste ? Quels sont les groupes dont nous devons surveiller le potentiel? Si vous avez un coup de coeur sur un groupe national ou international, n'hésitez pas non plus...

 

Tim : La scène nordiste est motivante et motivée, et ne se tire pas trop dans les pattes, bien au contraire. Ça se bouge pas mal, autant du côté des musiciens que des assos (Nordgazik, Whispering Wolves...). Ou même des radios, comme l'émission "Necrophagus" de Radio Campus, qui était animée par Ben (Last Goodbye) et où nous avons effectué notre premier set acoustique. Dans le genre intéressant, dans la région, on trouve Wild Karnivor, Edenmyst, Tang, Down For Go(o)d, mais également Costa Gravos, qui s'impose comme le digne héritier de feu Carnival In Coal. Mes récents coups de coeur, c'est SiiAN, une amie qui pratique une sorte d'électro-rock, déconcertant et frissonnant. DREDG, un groupe américain assez inclassable, entre rock-indé et prog. Et puis Alcest, un groupe français très ambitieux et original.

 

Colin : Textures. C'est mon gros coup de c,,ur de l'année. Ça sonne comme du jazz/hardcore-metal polyrithmique... Une énorme source d'inspiration pour moi. Après... Dans un style encore plus extrême, je reste accroché à Behemoth. Ce groupe m'a foutu une claque monstrueuse.

 

Fran : je ne suis pas beaucoup la scène metal locale, mes oreilles traînent plus du côté des autres scènes, mais j'aime beaucoup ce que propose Uncorporal.

 

Pouvez-vous nous donner votre réaction à l'évocation des albums suivants :

 

SOLEFALD – A Linear Scaffold

 

Tim : Les bases ! Tout est là, ça mûrit très vite chez eux, et chaque album présente son lot d'idées. Ce son clair jazzy, les claquements de mains, la guimbarde... Et puis ces voix... La voix de Cornelius est une voix black des plus originales. Sur les premiers, elle ressemblait un petit peu à celle de Dani Filth à la bonne époque de Cradle. Quant à celle de Lazare, elle a évolué aussi, et c'est à mon avis l'une des plus belles voix claires actuelles... Et puis très belle pochette... Qui fut effectivement à l'origine de notre rencontre virtuelle !

 

BORKNAGAR – Origin

 

Tim : J'adhère à 200%. Les compositions sont cristallines et les flûtes organiques. Je te parlais de personnalité... Eh bien Borknagar, c'est Ostein G. Brun, Lazare et Vintersorg, qui ont tous un jeu et/ou un chant très racé, ce qui me touche énormément. Le seul truc qui ne va pas trop sur cet album, c'est la batterie. Je trouve qu'il tape aussi fort que s'il jouait en électrique... Et je trouve aussi que cet album est trop court !

 

VINTERSORG – Cosmic Genesis

 

Tim : J'aime beaucoup cet album. C'est la transition entre l'ancienne et l'actuelle période de Vintersorg... Des chansons vraiment excellentes dessus, comme "Astral And Arcane" ou encore "Cosmic Genesis"... J'aime beaucoup tous ses albums, et c'est une énorme influence pour moi aussi, tant au niveau des riffs que du chant...

 

SIGH – Imaginary Sonicscape

 

Tim : Connais pas ! Mais si tu le dis, j'irai jeter une oreille...

 

COVENANT (à l'époque, c'était encore avec un « c ») – NexusPolaris

 

Tim : Celui-ci est excellent. "Animatronic", qui suit, est vraiment pas mal, dans un tout autre genre. Après, j'avoue avoir plus jeté mon dévolu sur un autre groupe de Sverd, Arcturus - au passage ce split, quel gaspillage - dont tous les albums possèdent quelque chose d'unique, et que j'ai eu la chance de voir sur leur dernière tournée... Ah, "The Sham Mirrors"...

 

Fran : aaaaaah, là je dis bravo, car très souvent on distingue une certaine scène avantgardiste scandinave avec Solefald, Borknagar, Arcturus et on oublie toujours Covenant. En tout cas, cet album-là, car personnellement je pense que ni l'avant ni l'après ne sont à la hauteur.
Personnellement j'ai connu l'album à sa sortie, et à l'époque il avait eu son petit succès, notamment parce que Nagash faisait partie de Dimmu (Astennu faisait aussi les solos de gratte d'ailleurs).

Une bouffée d'air, tout simplement. Comment faire un album théâtral, second degré, pop tout en partant sur une base black, sans être prétentieux, snob, élitiste et hermétique. C'est personnellement ce que je regrette parfois au sein de la scène metal avantgardiste, c'est à dire un manque de simplicité. Comme s'il fallait obligatoirement négliger la mélodie, le côté "catchy", la saveur pop pour paraître crédible, et se dire novateur.


Merci à vous et bonne chance pour la suite, que l'on attend avec impatience. On compte sur vous pour nous faire plaisir à nouveau. Le mot de la fin ?

 

Colin : Merci à vous pour l'attention que vous portez à notre musique... Merci à tous ceux qui ont réussi à s'introduire dans notre univers...

 

Tim : Merci à vous, le mot de la fin ça doit toujours être ça, merci. Nous vivons et pratiquons cette musique pour partager le plus grand nombre de choses avec le plus grand nombre de gens possibles. Alors merci... Et attendez l'album...

 

www.myspace.com/aversejourney 

Partager cet article
Repost0

commentaires