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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 13:58

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Mercredi 11 août 2011. C’est avec plaisir que nous retrouvons Antoine d’Elvin Road (éminent projet rock/métal cinématographique) au déjà mythique Hijack de Boulogne/Mer, ce pour une interview dont on sait pertinemment par avance qu’elle sera fleuve, connaissant le personnage. Quatre ans et demi se sont écoulés entre nos deux entrevues et M. Saison vient cette fois nous parler du successeur de l’inaugural Intersections, j’ai nommé Monsters (skeud par ailleurs très récemment chroniqué dans nos pages). Une première question très ouverte (« Quelles news depuis la dernière fois? ») nous fait instantanément dériver vers ce 2e album et plus généralement ce qu’est devenue la musique d’Elvin Road ; où on apprend que celle-ci est désormais plus adaptée au live et qu’elle a cette fois été résolument pensée avec chant. Quant à Elvin Road dans sa globalité, ce projet d’un seul homme s’est clairement mué en vrai groupe, fort d’un line-up largement remanié, et entend clairement passer à la vitesse supérieure. Interrogé sur la teneur du très réussi Monsters, notre interlocuteur évoque un aspect plus spontané, plus charnel, plus brut –de l’écriture, il dit qu’elle s’est avérée « plus instinctive »– tout en précisant que l’essence du style reste pour lui inchangée. C’est à un disque « plus approfondi », « plus viscéral » (l’arrivée du chant), « plus abouti » que se frotte l’auditeur… Au rayon nouveautés, on retrouve l’ajout de samples et de boucles électro.
Pour ce qui concerne les nouveautés de line-up pour l’enregistrement du cd, Antoine a eu recours à deux équipes d’ingé-son, à un nouveau batteur, un nouveau bassiste (qui a changé depuis !) et à un nouveau guitariste, Seb laissant la place à … Seb ! (Rappelons que pour Intersections, c’est Antoine qui avait utilisé son instrument de prédilection, le clavier, pour mettre en place les parties de basse). Sur le plan du fonctionnement interne d’Elvin Road du point de vue des compositions, c’est sans surprise Mister Saison qui propose les titres aux autres membres ; après avoir reçu l’aval de ces derniers, ces titres voient leur structure peaufinée par l’ensemble du groupe, chacun apportant sa patte. L’improvisation, de mise pendant l’enregistrement du 1er album, s’est vue offrir un champ plus réduit cette fois-ci, les titres étant, selon Antoine, beaucoup plus « écrits » que pour Intersections.
Ce dernier étant soucieux que chaque instrument bénéficie des mêmes égards, un travail minutieux a notamment été fourni avec Sébastien  sur les guitares en général et les solos en particulier.  

Toujours sur le thème de l’enregistrement, nous avons questionné Antoine sur l’impression de rigueur et de professionalisme, de perfectionnisme même, qui ressort à l’écoute de Monsters. Il nous explique ainsi que pour la composition et l’enregistrement le chemin est ouvert, aucun sens interdit n’est fixé, mais il sait globalement comment un morceau doit se finir et dans quel registre il doit s’inscrire. Par contre, les idées foisonnent donc il se doit d’aller vite et de gérer tous les aspects. En outre, Antoine se met également à la place des autres musiciens afin qu’aucun ne soit relégué au second plan. 

 

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                                                    © Maxence Gandolphe de Witte

 

La discussion dérive ensuite sur la musique elle-même (heureusement !) La question qui vient rapidement concerne le chant : pourquoi donc entend-on plus de chant sur Monsters que sur Intersections ? Antoine insiste sur le fait que le chant est le principal vecteur d’émotions en live et qu’il voulait que la musique d’E.R. soit plus organique sur cet album. La voix est prise comme un instrument comme les autres, ce que nous montre clairement, par exemple, le morceau "Colimaçon" avec les différentes utilisations qui en sont faites. Ce changement aide aussi à incarner un peu plus l’idée de groupe : lors d'un show, les spectateurs « associent un groupe à un chanteur. » De plus, d’un point de vue plus structurel, certains morceaux, tout simplement, « appelaient » du chant…

A la suggestion que Monsters met plus en avant les aspects planant et onirique par rapport à son prédécesseur, nous nous voyons répondre que l’aspect onirique est aussi présent que sur Intersections mais aussi que l’aspect rock y est plus marqué. Antoine ajoute qu’il y a également un côté plus Michael Mann mais aussi plus baroque, et que ce nouvel effort raconte plus d’histoires, une évidence avec la nouvelle importance du chant. A propos de ces dernières, l’auditeur est toujours libre d’interpréter le sens des paroles de différentes manières.

 

La transition était toute trouvée puisqu’en matière d’interprétation, il y a également des choses à dire à propos du titre de l’album et de la cover du disque. Qui sont ces monstres dont il est question ici ? Il est vrai qu’après un examen un peu plus approfondi, il n’est pas si aisé de dire, par exemple, si la jeune femme de la pochette est effrayée et cherche à se cacher d’un éventuel agresseur, ou si au contraire c’est elle qui est menaçante et s’apprête à utiliser son oreiller pour étouffer quelqu’un. Avec un peu de recul, cette représentation symbolise les interrogations et l’ambivalence qui peuvent exister quant aux réels monstres de notre société…

 

Pour ce qui est de la réalisation de la cover, Antoine était parti sur un shooting avec « trois nanas typées ricain, à la Desperate Housewives, mais avec des fringues années 80 » ; le projet a finalement été abandonné au profit de l’autoportrait d’une photographe allemande que M. Saison avait déjà repéré avant d’avoir l’idée du shooting, autoportrait qu’il a donc acquis et utilisé pour Monsters, un album selon lui « féminin » (cf "Division of Love"). Cette photo, qui revêt « une esthétique années 50 » et un aspect « glamour », possède aussi selon Antoine « un côté Nip Tuck », symbolise bien l’inversion des rôles dont il a été question quelques lignes au-dessus et représente bien Elvin Road : pluralité, polyvalence, mélange de genres.

La police du titre, pour finir, est celle de Miami Vice, thématique que l’on retrouve dans la plage présente dans le livret du cd…

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Une autre nouveauté relative à l’univers d’E.R. étant le live, nous nous sommes un peu renseignés pour savoir à quelles surprises (qui n’en seraient forcément plus si la mèche était vendue, mais bon…) nous pouvions nous attendre de la part d’un groupe qui en propose au demeurant beaucoup dans sa musique. Outre le line-up remanié (voir au-dessus), l’heureux spectateur a le droit de découvrir l’utilisation d’un grand écran –quand la scène s’y prête bien sûr– ainsi que l’intervention d’un ami d’Antoine qui officie en tant que VIDJ et propose une suite d’images pour chaque morceau, « avec une chromie adaptée ». Quand on vous dit que rien n’est laissé au hasard…

 

Les réactions aux quelques shows déjà effectués sont jugées bonnes par Antoine, qui estime néanmoins qu’il reste du travail en termes de présence scénique, « notamment sur les morceaux ambiants. Il faut convaincre les spectateurs non avertis, ce n’est pas évident vu les changements de style. » Antoine était « hyper impatient » de voir la réaction du public et il a pu constater que « bizarrement, le public pas forcément assimilé métal a adhéré aux morceaux hargneux, il ne les a pas vus comme des morceaux métal. » De même, Antoine remarque que la musique d’Elvin Road « marche bien auprès de la gent féminine ». Dans tous les cas, « la scène permet de comprendre ce que les gens ressentent à l’écoute d’Elvin Road. »

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En ce qui concerne l’avenir du groupe, le troisième skeud n’est pas pour tout de suite mais trois nouveaux titres sont déjà prêts (dont celui-ci: http://vimeo.com/24517578 ). Pour les concerts, certains nouveaux morceaux sont joués sur scène, ainsi qu’une reprise ! Motus et bouche cousue, on la tient notre surprise… La playlist est « amenée à être durcie » (un morceau comme "Division of Love" a d’ores et déjà été évincé… Au grand dam des dames !) Il sera peut-être possible de voir la formation parisienne sur les planches à partir de septembre (il est question du Batofar) mais pour l’instant, une seule date est arrêtée, en novembre.

Et comment Monsters a-t-il accueilli de par le monde ??

Selon son géniteur, Elvin Road est beaucoup plus populaire à l’étranger qu’en France. On est rarement prophète en son pays, surtout quand votre univers « parle plus à un anglo-saxon. Les Américains sont souvent étonnés que je paraisse connaître aussi bien les Etats-Unis et leur culture… les ‘codes’… » Heureusement, pour rappeler que l’on est quand même en présence d’un projet français, il est possible de discerner « un accent un peu français » sur les parties chant du disque… (Depuis, un nouveau vocaliste a fait son apparition au sein du groupe et Antoine ne tarit pas d’éloges à son sujet).

Monsters a « très bien marché » au Canada et a également été bien accueilli en Angleterre ainsi, donc, qu’aux Etats-Unis. Il se trouve que le disque a également beaucoup mieux marché, de manière globale, que le premier jet d’Elvin Road, Intersections.

 

Lorsque nous demandons à Antoine s’il existe une sorte de scène parisienne/française pour le style qu’il pratique ou s’il se considère plutôt seul sur son île, il nous renvoie d’abord à la question précédente, au fait que les Français ne sont de toutes façons pas aussi réceptifs à ce genre de musique que leurs homologues étrangers, puis il nous explique, pour la partie plus « francilienne » de notre question, que « Paris est une scène de carnassiers » au sein de laquelle tout le monde « se tire dans les pattes. »

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                                                            © Zaza fait son Cinéma

 

Dernier thème, ô combien important à nos yeux, les artistes qu’affectionne Antoine en ce moment, sa playlist de l’été en quelque sorte… Là encore, il y a matière à être surpris. Certains sont attendus : Textures –Antoine repartira d’ailleurs avec le dernier album en poche, glané dans les bacs de notre hôte d’un jour–, Dillinger Escape Plan, Mike Patton de A à Z ou encore Filter pour le côté métallique, Ennio Morricone pour le côté B.O.

D’autres sont plus surprenants… Un surtout : le dernier Limp Bizkit ! Antoine nous apprend d’ailleurs qu’une de ses grosses influences pour Monsters s’est avérée être l’album solo de Wes Borland. Autre surprise, qui n’en est pas vraiment une : la B.O. de Twilight. Mister Saison nous précise qu’il n’aime pas le film mais que sa musique vaut le détour…

Pour le reste, citons Battles, groupe hautement excentrique du batteur d’Helmet, Troy Torino (« stoner à la Unida ou Hermano ») et Godsmack pour la musique énervée, Michel Colombier (Contre Toute Attente, Cop), Clint Mansell (Black Swan) et les films d’horreur des années 80 pour les B.O., ou encore du jazz et du classique.

Vaste programme… 

 

L’heure de se quitter approche et nous invitons notre bouillonnant interlocuteur à proposer les quelques mots de la fin. Il nous assure d’abord qu’il lui reste beaucoup de monstres à nous faire découvrir, à déterrer… Après quoi il lance que grâce à la fraîcheur du line-up Elvin Road a beaucoup d’enthousiasme à partager, aidé en cela par les lives déjà à son actif, qu’il qualifie d’ « encourageants ». 

 

Nous ne saurions que trop vous conseiller d’aller vérifier tout ce que vous venez de lire à l’écoute de Monsters (dispo en cd ou mp3 sur amazon, itunes, etc) et de ne surtout pas hésiter à tenter l’expérience si jamais la possibilité vous est offerte d’aller assister au phénomène sur scène…

 

www.myspace.com/elvinroad

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