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3 octobre 2007 3 03 /10 /octobre /2007 16:31

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                                                          2006/Interference

Il y a de cela quelques mois, j’évoquais avec un ami la période lointaine et révolue où le magazine Rage nous abreuvait chaque mois de chroniques, interviews et autres dossiers qui nous faisaient découvrir des groupes dont nous n’aurions jamais soupçonné l’existence autrement (précisons qu’il faut se situer dix ans en arrière et qu’en ces temps reculés, la divinité Internet n’appartenait encore qu’à la mythologie). Mary Beats Jane, Prohibition, Sixpack, Snot, Basement, Jesus Lizard, Kepone, Mass Murderers, tous appartiennent désormais à l’histoire du métal, du punk ou encore de l’indé (à défaut d’être connus du grand public, Snot mis à part -et encore, on reste loin d’un Linkin Park) et avaient droit de cité, comme des centaines d’entités qui ne vous diraient aujourd’hui pas grand-chose, dans les pages de cet auguste représentant des veuves et orphelins électriques. Sorte de Versus des années 90 (Vs qui d’ailleurs semble avoir disparu de l’horizon, malheureusement), Rage savait apporter de la lumière à des groupes et des styles originellement peu médiatiques, tout en permettant à ses lecteurs de naviguer dans d’autres sphères culturelles grâce à d’intéressants dossiers.
Quelques heures après cet épisode emprunt de nostalgie, je découvre parmi mes mails une «friend request» myspace de… Basement! Ce doit être ce que l’on appelle le hasard… Basement, groupe indé qui partageait avec les combos cités plus haut, à mes yeux du moins, la particularité de ne plus être en activité. Après leur avoir relaté la même anecdote, ils me proposèrent de m’envoyer la preuve de leur reprise d’activité, en l’ocurrence Everything Gets Distorted, 3e enregistrement mais 1e album nous proposant une bonne demi-heure de salves sonores réparties en 8 titres.
Passons d’emblée à l’étiquetage… Pas évident à première vue d’apposer une catégorie précise et définitive à ce bouillonnant ensemble sans prendre le risque de passer à côté d’un style ou de cantonner la musique du groupe dans une prison de qualificatifs laconiques. Mettons-nous donc d’accord, pêle-mêle et sans prétention d’exhaustivité, sur les termes de « post-rock », « post-core », « noise-rock » et autres « emo-core », réunis sous la plus générale bannière de l’indie. Pour ceux qui n’en sont pas plus avancés, on peut, sans recourir à leur bio, gager qu’outre leurs contemporains français ou anglo-saxons évoluant ou ayant évolué dans le même style depuis le début des 90’s, un groupe comme Fugazi ne doit pas être étranger à l’univers des libournais. Cependant, alors que j’ai toujours eu un peu de mal à entrer dans « Red Medicine » (le seul album que je possède des américains), la musique de Basement m’a, elle, immédiatement paru accessible et entraînante. Ceci ne signifie pas que nos compatriotes du sud-ouest sont moins subtils que leurs glorieux aînés de Washington, seulement que le côté rentre-dedans des premiers m’a plus parlé que les structures saccadées des seconds. N’allez pas pour autant vous imaginer rentrer dans un album des Ramones ou de Slayer au niveau des BPM : dès le 3e morceau ("Maelström"), Basement ralentit la cadence pour nous offrir un superbe instru mid-tempo. Côté français, je dirais qu'ils me rappellent parfois nos nordistes de Tang, la voix notamment. Pour ce qui est du son de ce LP, il est pêchu et, en cela, a de grandes chances de titiller les oreilles des plus métalliques d’entre vous, si toutefois ils ne rechignent pas devant des ambiances plus rock, plus posées parfois… Mais toujours énergiques et judicieuses (imaginez des Isis ou Cult of Luna en moins apocalyptiques, sans l’alternance parties extrêmement calmes et plans hurlés). Ce groupe a pour moi de nombreux atouts pour rallier des partisans de nombreuses castes musicales, avec ce 8 titres très varié (que ce soit au niveau des riffs, du rythme ou des ambiances), à la fois accessible et fouillé, tour à tour accrocheur et feutré, alternant judicieusement rage expressive et énergie contenue. Maelström (on y revient…) d’influences parfaitement assimilées, Everything Gets Distorted, nous présentant des compos bénéficiant de la maturité évidente de leurs géniteurs, devrait apporter à ces derniers une reconnaissance méritée. Pour éviter qu’une fois encore un excellent groupe ne disparaisse, dans l'indifférence générale...

www.basement-dept.com     

www.myspace.com/furianoise   

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